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Les beaux récits de Cathy

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19 août 2009

Renaissance

Il n'avait plus qu'à attendre, la jeune femme finirait par revenir. Comment s'appelait-elle déjà ? Gabrielle, Michelle, il ne savait plus trop, mais ça lui importait peu. Bientôt, elle ne pourrait plus s'échapper. Lentement, il accentuait son emprise sur elle. Elle serait la première. La première d'une longue liste.

Il n'eut pas à patienter longtemps, sa victime arriva d'un pas traînant. Elle s'assit en face de lui. Il ne dit rien. Il avait déjà compris que ce n'était pas utile et surtout plus judicieux. Le monde n'était pas près à le voir sous cette forme et encore moins à admettre son degré d'intelligence. Sa tactique consistait à laisser sa victime faire ce qu'elle voulait. Il était à ses ordres, c'était l'impression qu'il leur donnait.

Lorsque les mains de sa proie commencèrent à courir sur lui, il sentit une sorte de frisson. Dans son existence précédente, il l'aurait trouvée jolie, si pas belle, mais maintenant, ça lui était égal. Elle aurait pu être une rescapée d'une galerie des horreurs ou un top model au faîte de la gloire, ça n'avait plus aucune espèce d'importance pour lui. L'une comme l'autre n'avaient d'intérêt que pour ce qu'elles pouvaient lui apporter.

Par l'intermédiaire de ses doigts qui allaient de plus en plus vite, pris d'une frénésie obsessionnelle, il ressentait toutes ses pensées, il apprenait tout d'elle. Elle ne se doutait pas de se livrer ainsi. Leur relation n'avait rien de sexuel, pourtant elle était pour lui jouissive. Il en retirait un plaisir pervers à l'idée de sa fin prochaine. Il se fit la réflexion qu'il n'y a pas si longtemps, il l'aurait prise, avant de la mettre à mort. Il eut un vague regret, nostalgie d'un souvenir car il se rappelait tout de ses vies précédentes. Sa nouvelle forme lui épargnait pourtant d'en ressentir de la peine. Trop différent, il avait du mal à appréhender ce qu'il était auparavant, à comprendre les sensations qu'il avait éprouvées.

Leur rencontre fut longue, plus que ne l'avait été les précédentes. Elle s'était retirée hébétée, plus trop consciente de son environnement. Elle ne sortait quasi plus. Souvent, elle passait devant lui, le regardant fixement avant de se reculer comme effrayée. Mais elle finissait toujours par revenir. Attirée, de plus en plus attirée, elle perdait sa personnalité. Elle ne tiendrait plus longtemps.

Réservée à l'extrême, elle ne recevait pas de visite et c'est pour cette raison qu'il l'avait choisie. Quelques courses, un livre emprunté à la bibliothèque étaient ses seules rencontres. Il avait donc peu de chance qu'un importun s'immisce dans ses projets.

A peine une demie-heure plus tard, elle revint déjà. Elle n'en pouvait plus, il lui en fallait encore. Elle y passa la nuit, se séparant de lui dans un état de confusion telle qu'elle tourna plusieurs fois en rond dans la pièce avant de prendre une direction un peu plus assurée. Elle s'enferma dans sa chambre. Il savait que le sommeil la fuirait, elle dormait de moins en moins. Elle serait bientôt de retour. Ce serait leur dernier rendez-vous.

Et elle s'accrocha de nouveau à lui. Elle insista, inconsciente des heures qui tournaient, de la faim ou de la fatigue qu'elle ne ressentait plus. Sa vie s'écoulait par ses doigts et lui la buvait avidement. Lorsqu'elle eut laissé échappé son dernier souffle, elle s'écroula. Il la regarda quelques secondes et détourna son attention. Elle n'avait déjà plus d'importance, une autre victime l'attendait.

Il remonta le long flux énergétique, visita quantité de maisons et jeta son dévolu sur un agoraphobe qui refusait tout contact avec le monde. Il s'installa dans l'ordinateur et commença le travail de sape.

Oh oui ! Cet homme étrange avait eu raison de lui proposer de fusionner avec cette nouvelle technologie. Dans sa dernière vie, il devenait de plus en plus dangereux de se procurer de la nourriture. Les hommes avaient trop évolué, ils ne le craignaient plus.

Maintenant, Dracul était de retour et le monde des mortels ne pouvait plus rien contre lui.

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10 février 2009

L'enterrée vivante

Elle a encore failli sortir. Je ne m'y attendais pas. Elle semblait si calme ces derniers temps. Mais c'est toujours comme ça. Elle profite de la moindre de mes défaillances pour tenter de s'échapper. J'espère qu'André n'a rien remarqué. Personne ne doit savoir. Il va falloir que je fasse plus attention.

            J'ai encore manqué mon coup. Encore un peu et j'y étais. J'en ai marre d'être enfermée ici. Mais elle ne m'aura pas, je n'abandonnerai pas. J'ai aussi le droit de vivre à l'air libre et de rencontrer des gens. De toute façon, j'aurai d'autres occasions. Elle ne pourra pas toujours être vigilante. J'ai tout mon temps pour l'observer et quand elle faiblira, je me précipiterai dans la brèche.

            Je suis restée un peu seule ces derniers jours. J'en ai profité pour m'assurer qu'elle ne puisse pas sortir. Combien d'années je vais devoir veiller à ce qu'elle reste enfermée ? Ca m'épuise. J'ai l'impression que j'ai toujours du garder un oeil sur elle.

            Elle croit qu'elle peut gagner mais elle se trompe. J'ai déjà réussi dans le passé et je recommencerai. Je me rappelle bien la dernière fois. Elle avait vraiment baissé sa garde. Deux petits verres avec ce garçon et elle était dans le gaz. Elle ne tient pas l'alcool. C'était bien. Pauvre homme ! Il n'en revenait pas. Faut dire que j'ai fait fort. Je me suis amusée comme une petite folle. Il était pas mal en plus, même au lit. Elle s'est rendue compte de rien, elle était trop mal en point. Le problème, c'est quand elle s'est réveillée. Elle s'est occupée de moi. Et me revoilà ici ! J'aurais du exploiter ma chance et me débarrasser d'elle… Qu'importe, je lui ai fait perdre son petit copain. Il n'a plus jamais répondu à ses appels après notre nuit passionnée.

            Elle me vide de mon énergie. Elle est vraiment déchaînée pour le moment. Elle veut à tout prix prendre ma place. Elle me connaît bien et elle sent que je ne vais pas bien. Tous ces problèmes dans ma vie sentimentale me rendent moins attentive… J'aimerais bien qu'avec André ça évolue. Mais ça ne risque pas d'arriver. Avec un mari et elle que je dois toujours surveiller.

            C'est vraiment une idiote. Si elle me laissait faire, je lui montrerais, moi, comment avoir son André. C'est pour ça qu'elle ne m'apprécie pas : je suis mieux qu'elle. J'obtiens ce que je veux… Sauf le droit de sortir.

            C'est de plus en plus compliqué. Je sens que je suis à la limite de craquer. Qu'est-ce que je vais faire si ça arrive. Elle sortira et je ne serai plus là pour empêcher ses bêtises. J'ai peur. Le toubib m'a prescrit des relaxants. Il me trouve stressée. Heureusement que j'ai réussi à ne pas trahir sa présence. Ca a été difficile.

            Je respire de plus en plus l'air de la liberté. Bien sûr, je ne suis pas encore sauvée mais ça ne saurait tarder. J'ai toute une liste de choses que je ferai quand ça arrivera. Des tas de mecs. C'est marrant parce que c'est tous les hommes qui lui plaisent à elle. C'est peut-être la seule chose qu'on a en commun. En tout cas moi, j'ai bien l'intention de me les farcir tous et dans n'importe quel ordre. Et puis je me prendrai enfin toutes les cuites qu'elle, elle refuse. En fait, tout ce qu'elle ne veut pas faire, je le tenterai. Surtout envoyer les personnes qui m'emmerde au diable.

            Elle est de nouveau sortie. Je m'en fous. Je suis tellement fatiguée. Pour l'instant, elle est assez calme. Sa petite escapade devrait la contenter pour quelques jours. Demain, je vais voir André. Je crois que je vais pouvoir profiter du moment en toute tranquillité. Ce n'est pas grave s'il ne se passe rien entre nous, je suis déjà contente de ces quelques instants.

            Elle rêve si elle croit que je vais me tenir impassible et la regarder ne rien faire. Je sens que c'est le moment ou jamais.



            Ca y est ! J'y suis. Je suis dehors. Mais non seulement, je suis dehors mais en plus, j'ai réussi à l'enfermer. C'est son tour de me regarder et d'être impuissante. Maintenant, je vais pouvoir essayer André. C'est fou ce qu'il est sexy. Nous allons nous envoyer en l'air comme j'ai toujours rêvé de le faire et sans devoir craindre qu'elle m'en empêche.

            Finalement, je ne suis pas mal ici. Si je me concentre, j'arrive même à ne pas voir ou entendre ce qu'elle fait. Je vais rester là. Personne ne pourra plus me faire de mal. Elle avait raison en fin de compte. J'aurais du la laisser agir plus tôt, beaucoup plus tôt. On aurait pu, peut-être, arriver à s'entendre. Je réalise que jamais je n'aurais du vouloir tout contrôler. Si je m'étais laissée aller, tout aurait été plus facile et elle n'aurait pas le pouvoir actuellement. Qui sait ce qu'elle est capable de faire maintenant que je ne suis plus en mesure de la faire taire. Et tout le monde croira que c'est moi… Mais elle est moi, elle est tout ce que j'aurais voulu être. Oui, je vais rester ici et il est possible que j'aime ce qu'elle nous fera faire… Qui sait ?

9 février 2009

Une journée au soleil

Lorsqu'elle avait vu le beau soleil, elle s'était soudain senti une folle envie de revoir le petit village où elle avait passé sa jeunesse. Ce n'était pas loin mais jamais depuis bien des années, elle n'y était retournée. Lorsqu'elle était arrivée, un parfum de nostalgie l'avait envahie et elle s'était assise à la terrasse du seul café du coin. Peu de temps après, un homme l'avait accostée :
-"Solange ?"
-"Oui. Nous nous connaissons ?"
-"Tu ne me reconnais pas ? C'est moi Adam."
-"Adam ? Tu m'avais invitée à danser à la fête. Je n'ai jamais oublié cette soirée."
-"Ça fait longtemps pourtant. Cinquante-sept ans. Moi non plus je n'ai pas oublié."
Adam ! Son premier amour qui n'avait pas mené bien loin. Il l'avait invitée à danser et toute la soirée, ils n'avaient cessé de virevolter sur la piste. Tout en veillant à ne pas prêter le dos aux ragots, ils avaient même réussi à s'éclipser pour se donner un premier baiser. Le lendemain, alors qu'elle espérait le revoir, elle avait appris qu'il avait été enrôlé tôt le matin. Pendant plusieurs mois, elle avait attendu de ses nouvelles. Puis un jour, le couperet était tombé. Adam avait perdu la vie lors d'un combat. Très peu de temps après, elle avait quitté le village pour ne plus jamais y revenir.
Adam lui tendit la main qu'elle prit sans hésiter. Ils partirent se promener. Il lui raconta pourquoi on l'avait cru mort et comment il ne l'avait plus retrouvée à son retour. Il s'était marié, avait eu trois filles et sa femme l'avait quitté trois ans plus tôt. Un mariage heureux. Elle lui conta à son tour sa vie. Comment elle s'était consolée dans les bras d'un autre qui l'avait mise enceinte puis épousée. Un fils lui était né mais le bonheur n'avait jamais été là. Depuis six ans, son mari était placé. Alzheimer. Il ne la reconnaissait plus.
Tout en marchant, ils approchèrent de l'endroit où avait eu lieu la fête. Étrangement, ils entendaient de la musique. Une musique vieillotte comme on en écoutait il y a tant d'années. Et sous leurs yeux apparut un petit bal. Tout semblait si semblable à leurs souvenirs. La grange où se déroulait l'évènement, les vêtements que portaient les participants. Et en y regardant bien, ne lui semblait-il pas reconnaître Debby ou Rose. Et le vieil homme, dans le rocking-chair qui se balançait en rythme, n'était-ce pas le père Henry qui faisait toujours rire les enfants.
Elle se retourna vers Adam. Sans être vraiment surprise, elle se retrouva en face du beau jeune homme qui avait fait chaviré son cœur d'adolescente. Dans ses yeux, elle vit que lui aussi la revoyait dans sa beauté première.
-"Que se passe-t-il ?"
-"Ne te pose pas de question. Une chance nous est offerte de vivre ce qui nous a été empêché. Tu ne veux pas la saisir ?"
-"Bien sûr que oui !"
-"Alors il faut y aller sans aucun doute, sans chercher à savoir. Avec nos cœurs comme ils étaient à l'époque."
Il la regarda intensément plusieurs secondes, puis il lui tendit la main :
-"Moi, c'est Adam. Voulez-vous danser ?"

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